Comprendre l'économie sociale et solidaire (ESS) pour entreprendre autrement
Explorez les principes novateurs de l’économie sociale et solidaire pour repenser votre entreprise et lui permettre d’avoir un impact positif sur la société !
- Elise Thibault-Gondré
- 6 min
L’argent a cela de paradoxal qu’il est au cœur de nos vies, mais non de nos discussions. Il reste un tabou et demeure associé aux quelques riches et grandes entreprises dont les résultats financiers ont tant de zéros qu’il nous faut un laps de temps pour déchiffrer ces nombres. On a tendance à observer ces entreprises d’un œil inquisiteur. Pourtant, « faire de l’argent » n’est pas une mauvaise chose en soi. Tout dépend en fait de ce à quoi il va servir, de la valeur que l’on va décider de lui donner. Pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), l’argent n’est pas un gros mot. C’est un moyen de parvenir à ses fins et ces fins sont louables, d’utilité sociale. Quels sont les grands principes de l’ESS ? Certains d’entre eux sont-ils transposables dans n’importe quelle entreprise, quelle que soit sa taille ? Ce sont les deux principales questions auxquelles nous allons répondre dans cet article !
Comment définir l’économie sociale et solidaire ?
L’économie sociale et solidaire est un modèle économique regroupant des organisations (associations, fondations, coopératives, mutuelles, sociétés commerciales…) qui visent à concilier performances économiques, solidarité et utilité sociale. Celles-ci ne perdent jamais de vue leur objectif premier : avoir un impact positif sur la société et plus précisément sur leurs territoires, sur l’environnement, leurs consommateur·rices et leurs salarié·es. Elles misent pour cela sur un fonctionnement distinct des entreprises traditionnelles, qui passe notamment par un mode de gouvernance démocratique et participative. Un membre est égal à une voix. Une autre différence essentielle tient au fait que la majorité des bénéfices est réinvestie pour maintenir et développer la structure. La règle de la lucrativité limitée impose en effet de verser plus de la moitié des bénéfices dans les réserves, ce qui laisse 49 % au maximum pour les actionnaires.
Pour résumer, les acteurs de l’ESS font passer leurs valeurs avant la valeur ! Le mouvement a d’ailleurs été lancé au 19e siècle dans le but de lutter contre la logique productiviste issue de la révolution industrielle. Cela fait toujours sens aujourd’hui, si ce n’est plus, à l’heure où s’éveillent les consciences écologiques et où les inégalités sociales continuent de faire des dégâts. En parlant d’inégalités, l’ESS inverse les tendances puisqu’une proportion élevée des emplois est occupée par des femmes : elles y constituent les deux tiers des salariés et représentent plus de la moitié des cadres[1]. C’est l’économie la plus féminisée !
Le saviez-vous ? 💡
L’ESS en France, c’est 10 % du PIB et 14 % de l’emploi privé (soit 2,38 millions de salarié·es)[2].
3 bonnes pratiques à emprunter aux acteurs de l’économie sociale et solidaire pour être viable ET responsable
Ne pas être officiellement une entreprise de l’ESS, du fait de votre activité et/ou de votre mode de gouvernance, ne vous empêche pas d’observer ce qui fonctionne de ce côté. Voici de quoi vous inspirer !
Renforcez votre impact sur votre territoire
L’ESS est couplée d’une forte dimension territoriale. Ses acteurs savent qu’il est plus simple de commencer par avoir un impact positif sur son propre territoire plutôt que d’ambitionner de changer le monde entier du premier coup. Il y a un côté humble dans cette démarche. L’entreprise a conscience qu’elle exploite les ressources, humaines et/ou naturelles, d’un territoire dont elle fait partie et auquel elle souhaite alors rendre la pareille. Comme l’écrit Camille Étienne dans son livre Pour un soulèvement écologique, « les territoires nous façonnent » et nous les façonnons en retour. Quel visage désirons-nous leur donner ?
Cette idée selon laquelle il faut accorder un soin particulier à sa région est celle de l’acronyme RTE (Responsabilité Territoriale des Entreprises). Il revendique, à plus petite échelle, les principes de la RSE. Pour renforcer votre RTE, vous pouvez par exemple dialoguer avec les élus locaux afin de connaître les problématiques de votre région, privilégier des fournisseurs locaux, recourir à des structures d’insertion type ESAT ou encore vous engager aux côtés d’une association par le biais d’un partenariat, d’un mécénat ou d’un parrainage.
Faciliter l’engagement solidaire en entreprise, c’est précisément notre mission chez Day One. Notre plateforme vous donne accès à un florilège d’actions à proposer à vos salarié·es, à travers du mécénat de compétences par exemple. Les missions sont à réaliser seul·e ou en équipe, sur son temps libre ou sur son temps de travail, de façon ponctuelle ou sur le long terme. Bref, chacun·e trouvera chaussure à son pied puisque nous collaborons avec plus de 700 associations qui luttent pour de multiples causes. De quoi faire d’une pierre deux coups en renforçant à la fois votre stratégie RSE et RTE !
Le saviez-vous ? 💡
Le mois de novembre met à l’honneur l’ESS ! Ce temps fort est l’occasion de mieux faire connaître les acteurs du secteur ainsi que leurs initiatives. C’est aussi une invitation à rejoindre le mouvement pour une société plus respectueuse du vivant, que ce soit à travers son entreprise ou même seul·e. Day One vous propose 40 idées d’actions intemporelles pour agir tout au long de l’année, partout en France.
Prenez soin de l’environnement
Nous espérons ne rien vous apprendre en vous disant que l’activité de votre entreprise, quelle qu’elle soit, a un impact sur l’environnement. L’urgence climatique ne nous permet plus de continuer à produire en fermant les yeux sur cet impact. Il nous faut le connaître pour mieux le maîtriser.
La première chose à faire est de réaliser un bilan carbone. Dans notre article listant 10 plateformes RSE que nous pensons utiles, nous vous avions déjà parlé de l’outil Sami. Après avoir mesuré les émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise, vous serez orienté·e vers des suggestions pour les réduire. Allonger la durée de vie du matériel IT, trier les déchets, installer un potager collaboratif, opter pour une machine à café à grains, organiser des conférences sur des thématiques environnementales… Les solutions ne manquent pas, elles existent déjà, à vous de les adopter et de les diffuser. Pour aller plus loin sur ce sujet, nous vous conseillons de lire notre article recensant 30 gestes éco-responsables au bureau qui sont à votre portée.
Ouvrez la gouvernance de l’entreprise
Il souffle un fort sentiment d’appartenance au sein des structures de l’ESS. Cela s’explique en partie par le fait que leurs membres, qu’il s’agisse de volontaire ou de salarié·es, sont vivement intégré·es aux décisions stratégiques de l’entreprise et donc impliqué·es.
Comment remettre l’humain au cœur de votre organisation ? Le taux de participation aux votes des instances doit être suffisamment bon pour que l’on puisse considérer le fonctionnement de votre entreprise comme démocratique. L’information au sujet des débats et des décisions doit être transparente et accessible à toutes et tous, ce qui inclut les client·es bénéficiaires et les usagers adhérent·es. Le partage du pouvoir nécessite également un temps important de formation, car les compétences assignées aux managers telles que la prise de décision ou la comptabilité ne sont pas données à tout le monde. Un investissement qui en vaut la peine :
« Une fois la transition réussie, les performances sont supérieures à ce qu’elles étaient auparavant et on fait des économies parce que les tâches dévolues autrefois aux managers sont déléguées aux équipes »
Le saviez-vous ? 💡
71 % des Français·es ne se sentent pas consulté·es à propos des différentes activités des entreprises. Ils aimeraient l’être à travers des réunions publiques régulières (49 %), l’intégration de citoyen·nes tirés au sort dans les instances de gouvernance des entreprises locales (23 %) et la formation de conseils économiques avec des citoyen·nes tirés au sort (19 %).[3]
En mettant l’accent sur la solidarité, l’utilité sociale et l’impact positif, l’ESS offre une vision inspirante de l’entreprise du futur. Que vous soyez une grande entreprise ou une start-up, les principes de l’ESS peuvent être des guides précieux pour créer un changement durable. Chaque action entrepreneuriale peut être une force positive, un pas vers un avenir où la solidarité façonne notre succès collectif. Alors, engageons-nous à entreprendre autrement !
Sources :
[1] Bidet, Éric. « L’économie sociale et solidaire en France, un secteur en expansion », Informations sociales, vol. 199, no. 1, 2019, pp. 10-13.
[2] L’économie sociale et solidaire – ministère de l’Économie et des finances et de la souveraineté industrielle et numérique
[3] ESS France dévoile les résultats de son sondage sur la responsabilité territoriale des entreprises – ESS France
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